lundi 14 avril 2014

Le papillon Monarque du Michoacan, victime des cultures transgéniques

En choisissant de se nourrir d'une herbe, le papillon monarque semblait avoir fait le bon choix —du moins pour ce qui est de son évolution. Et pendant bien longtemps, la nature lui a donné raison.

Le cycle de vie de l'insecte est parfaitement accordée à la croissance saisonnière du laiteron —la seule plante que ses chenilles peuvent consommer. Dans ce vaste jeu de marelle, les générations successives de monarques suivent l'émergence printanière du laiteron, depuis le Mexique jusqu'au Canada. Naguère, cette plante vivace s'épanouissait dans les prairies, aux bords des routes, dans les champs de maïs et sur les terrains vagues de la plupart des régions du continent américain. Le laiteron alimentait ainsi une migration massive qui s'achevait chaque hiver; ce sont plus de 60 millions de papillons qui convergeaient alors sur les forêts de pins des Sierra Madre.

Puis le Roundup fit son apparition...
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 C'est le phénomène de sa migration vers le Mexique, véritable merveille de la nature, qui est aujourd'hui en danger —une perspective qui inquiète les scientifiques.

Selon Oberhauser, il est possible que les papillons ne puissent accomplir ce périple transcontinental qu'à condition d'être assez nombreux. Ce rassemblement massif pourrait les aider à se protéger des prédateurs –un peu à la manière des petits poissons qui se protègent mutuellement en formant d'énormes bancs, explique-t-elle. S'ils ne parviennent pas à réunir assez d’individus, cette tactique pourrait échouer. Ces grands groupes pourraient également permettre aux papillons de ne pas prendre froid et d'économiser de l'énergie en attendant la venue du printemps.

Une population plus réduite peut également avoir plus de mal à récupérer lorsque des problèmes surviennent: sécheresse, canicule… Or le climat change; si le printemps survient plus tôt, la délicate synchronisation qui existe aujourd'hui entre le cycle vital du monarque et celui de sa nourriture d'élection pourrait bien être perturbée. C'est ce qui s'est passé en 2012: il a fait plus chaud qu'à l'accoutumée, et les monarques ont migré vers le nord plus tôt que prévu; et seule une moitié du laiteron était sortie de terre.


Lire l'article de Warren Cornwall sur Slate.fr
En savoir plus sur le papillon monarque (mariposa monarca) sur le site mexicain Mariposa Monarca (en espagnol).
La migration du monarque sur le site de l'Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM).
Crédit illustration : Ciencia Unam.